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Rapports d’activité et financier 2023

lundi 1er juillet 2024

Mot du président

L’année qui s’est achevée et celle qui commence nous enfoncent toujours plus loin dans des politiques migratoires dangereuses et mortifères, dans la montée de l’extrême droite et dans les attaques honteuses contre les libertés associatives et individuelles.

Au mépris, tant des droits fondamentaux et des besoins de protection des personnes exilées que des exigences de fraternité et de solidarité, les autorités françaises et européennes sombrent chaque jour un peu plus dans leur obsession de l’enfermement des personnes étrangères.

Les politiques migratoires inlassablement remplacées par des politiques sécuritaires délétères construisent une figure de la personne étrangère comme potentiellement dangereuse et menaçante et aggravent des dispositifs de mise à l’écart et de criminalisation des personnes en migration. Elles renforcent les frontières par un arsenal militarisé, par des rétablissements incessants des contrôles aux frontières intérieures et par une entreprise d’encampement cruel et dément.

Il est impossible d’enfermer des personnes dans le respect de leur dignité et de leurs droits. Ce constat révèle un système de pratiques illégales, de détournements de procédures et de violations des droits fondamentaux généré par la privation de liberté elle-même.

Priver de liberté aux frontières, c’est générer des souffrances et de la violence. Enfermer aux frontières, c’est vulnérabiliser, fragiliser et maltraiter. Les politiques migratoires actuelles mettent en danger les personnes exilées en les condamnant à emprunter des routes dangereuses et mortelles.

Les frontières tuent.

2023 a encore été marquée par des tragédies sur les frontières maritimes et terrestres. Année après année, la mer Méditerranée se transforme en fosse commune et les autorités détournent le regard des horreurs qu’elles contribuent à créer.

C’est dans ce contexte global terrible que la loi asile et immigration, débattue fin 2023, a été adoptée début 2024. Elle est une honte pour les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité de la France. Même partiellement censurée par le Conseil constitutionnel, cette loi de stigmatisation, aux relents xénophobes, est basée sur des logiques de mise à l’écart et de criminalisation des personnes en migration. Elle aggrave l’entreprise d’éloignement de l’accès au juge et de dégradation de la justice pour les personnes enfermées derrière les murs et les barbelés des zones d’attente.

La progression de l’idéologie de l’extrême droite fait peser un risque majeur pour les personnes exilées, pour leurs soutiens et pour nos sociétés. En 2023, l’Anafé et plusieurs de ses membres ont été la cible d’attaques et de menaces de la part de certaines personnes politiques.

L’Anafé doit tenir, résister et se préparer.

Le droit de regard des associations dans les lieux de privation de liberté s’accompagne d’un devoir de témoignage, d’alerte et de dénonciation. Il nous oblige également à penser notre intervention dans un système d’enfermement et d’oppression dans un contexte de contamination croissante des opinions par l’extrême droite, d’aggravation des politiques de criminalisation des personnes étrangères et de contestation du rôle de vigie citoyenne assurée par les associations de défense et de promotion du respect de l’Etat de droit, des droits fondamentaux et des libertés individuelles et de la dignité des personnes.

Nous devons poursuivre notre rôle d’aide aux personnes qui ont à souffrir de l’enfermement insensé aux frontières. Nous devons renforcer notre rôle de dénonciation et de déconstruction des logiques de privation de liberté aux frontières. Nous devons résister et maintenir la pression pour convaincre de l’impérieuse nécessité de fermer les zones d’attente et les lieux d’enfermement illégaux à la frontière franco-italienne, pour le respect de la sécurité, de l’intégrité, de la dignité, des droits, de la santé et, parfois, de la vie des personnes en migration.

L’idéologie de la criminalisation des personnes étrangères et de leurs soutiens doit cesser !

Alexandre Moreau, Président

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