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Rapports d’activité et financier 2021
lundi 3 octobre 2022
Mot du président
2022 marquera les 20 ans de la loi Quilès qui a créé le régime juridique de la zone d’attente. Alors que l’Anafé dénonçait l’enfermement illégal de milliers de personnes dans les zones dites internationales dans les aéroports, ports et gares, le législateur français a adopté un cadre juridique permettant de soustraire les personnes en migration aux droits et procédures garantis sur le territoire national dans un objectif clair et implacable : trier, enfermer, renvoyer. Depuis, lorsque la police aux frontières intercepte les personnes, si les conditions d’entrée ou de séjour ne sont pas réunies, elle trie, enferme et renvoie. Si les personnes demandent l’asile, elle trie, enferme et renvoie. Si la police estime que les personnes représentent « un risque migratoire », elle trie, enferme et renvoie. Adultes et enfants. En famille ou seuls. Peu importe, elle enferme.
Depuis 20 ans, les conditions de privation de liberté dans les zones d’attente et plus récemment dans les lieux d’enfermement Illégaux des frontières intérieures n’ont cessé de se dégrader, comme l’attestent les constats et observations effectuées par les équipes de l’Anafé en 2021. Dans un contexte de crise sanitaire mondiale et de banalisation des discours xénophobes et racistes d’une classe politique en campagne électorale, les obstacles aux migrations se sont durcis. Les privations de liberté arbitraires, le non-respect des droits des personnes, des obligations internationales de la France en matière de protection des réfugiés ou des enfants, les conditions indignes et dégradantes d’enfermement, les violences verbales, physiques, racistes ou sexistes en zone d’attente ne semblent d’ailleurs plus émouvoir les juges ou l’opinion publique. Le conseil constitutionnel est même allé jusqu’à faire primer un supposé objectif de lutte contre l’immigration irrégulière sur la protection des personnes exerçant un devoir de fraternité ou sur l’accès à un contrôle judiciaire des pratiques d’enfermement aux frontières.
Malgré une actualité sanitaire et un contexte politique peu propices, l’Anafé a décidé de lancer, en 2021, une campagne contre l’enfermement des personnes étrangères aux frontières. Se mobiliser contre l’enfermement administratif des personnes étrangères est une nécessité pour garantir leur sécurité, leur santé physique et mentale, voire leur vie. C’est aussi une nécessité civique et politique pour toutes et tous. L’abolition de l’enfermement des étrangers est un prérequis indispensable à toute politique migratoire qui respecterait enfin les valeurs démocratiques et humanistes de la France.
Cette campagne est d’autant plus importante que l’Union européenne porte un projet de Pacte sur la migration et l’asile qui entend exporter le modèle de la zone d’attente française à toutes les frontières extérieures de l’espace Schengen. Partout en Europe, les murs et les camps se multiplient. Les gouvernements européens proposent un narratif de peur, de rejet et de xénophobie.
Face à ces logiques effrayantes, l’Anafé prône un autre discours. Les frontières tuent. L’enfermement abime, maltraite et violente. Nous résistons et maintiendrons la pression pour convaincre de l’impérieuse nécessité de fermer les zones d’attente et les lieux d’enfermement illégaux à la frontière franco-italienne.
Parce que nos luttes sont importantes, l’Anafé doit continuer à se donner les moyens de poursuivre ses ambitions, en continuant ses stratégies de diversification et de renforcement de ses financements, de consolidation de ses forces militantes, et de visibilité des personnes aidées et d’exposition de la violence constituée par les privations de liberté aux frontières.
Alexandre Moreau, Président
Documents joints
- Anafé - rapports d’activité et financier 2021 (PDF – 871 ko)