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Brève 2018 - L’appel (au secours) du 18 juin 2018

samedi 17 mars 2018

Il est 13h41 le 18 juin 2018 quand Rosa, ressortissante hondurienne, arrive à l’aéroport de Roissy en provenance de Mexico avec un retour prévu le 25 juin. Cette jeune femme n’a qu’un objectif : Faire du tourisme.

Ayant fait l’objet d’un refus d’entrée sur le territoire à 16h35, elle décide de contacter l’Anafé le 18 juin. Cette femme en détresse informe les bénévoles de la permanence téléphonique qu’elle aurait signifié aux policiers son envie de voyager en Espagne et non de s’installer. Cette précision est importante car elle s’est vue refuser l’entrée sur le territoire en raison d’une prétendue volonté de sa part de s’installer en Europe, d’un prétendu « risque migratoire ». Or, cette notion non définie juridiquement renvoie à l’idée que la personne pourrait à termes décider de rester dans le pays d’arrivée et ne pas souhaiter repartir dans son pays d’origine.

Trois jours plus tard, Rosa cherche à voir les bénévoles de l’Anafé lors d’une permanence en ZAPI afin d’avoir des informations sur le déroulement de l’audience devant le juge des libertés et de la détention prévue le lendemain. Lors de son entretien, un climat anxiogène s’installa face à l’énumération des différentes intimidations que la police aurait tenues à son égard. « Tu viens travailler ! Tu vas rester ! Dis la vérité !! »

En effet, elle était en l’espace de quelques heures la cible de pression psychologique et d’humiliations de la police aux frontières. Les policiers auraient notamment vidé son sac devant elle, jetant ses affaires au sol et l’auraient encerclée afin qu’elle « avoue » le véritable motif de sa venue. Nous assistons donc ici à une scène mortifiante pour cette jeune femme, la mettant dans une situation des plus dégradantes.

Elle poursuit son récit par une autre anecdote qui se serait déroulée pendant un déjeuner. La police aurait divisé un morceau de pain et l’aurait jeté aux personnes dans la salle « comme à des chiens ». Ce récit nous questionne sur le non-respect de l’article 3 de la CEDH en ce que « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ».

Ces explications raisonnent dans le bureau de l’Anafé comme un « appel au secours » des conditions désastreuses rencontrées jour après jour en zone d’attente. Sentiment d’humiliation, d’affaiblissement, tout semble conditionné pour que les personnes maintenues en viennent à acquiescer les propos de la police.

Après avoir fait un refus d’embarquer le 25 juin 2018, elle sera placée au centre de rétention administrative le 5 juillet 2018.

Cette anecdote malheureusement classique en zone d’attente laisse un goût amer des pressions psychologiques et humiliantes infligées aux personnes maintenues par la police aux frontières en zone d’attente laissant entendre qu’elles constitueraient un risque migratoire et légitimant leur refus d’entrée alors qu’aucune définition juridique n’en est donnée.

Gabrielle, intervenante Anafé, 2018