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20 MINUTES


JEUDI 15 MARS 2007

Au château «des enfants de familles sans espoir»

Dans leur salle d'arts plastiques du château de Taverny (Val-d'Oise), ils dessinent sur des plaques en argile leur prénom, le nom de leur
pays, leur drapeau. D'eux, on ne connaît rien de plus. Les quelques dizaines d'enfants étrangers qui passent ici chaque année ont une
histoire douloureuse qu'ils n'osent pas raconter. Et un avenir en pointillés.Parfois âgés de 8 ans à peine, ces enfants, dits « mineurs
isolés », ont été retrouvés à l'aéroport de Roissy. Envoyés en France pour échapper à la misère ou à la guerre, ils ont pu entrer sur le
territoire en bénéficiant soit d'une erreur de procédure, soit de la rare clémence du ministère de l'Intérieur. Ces jeunes, une centaine par
an, sont ensuite conduits au centre de Taverny, unique en France. Ce jeudi-là, on compte six anglophones, quatre lusophones et douze
francophones dans le château, âgés de 8 ans à 17 ans. « En ce moment, la moyenne d'âge est de plus en plus basse, autour de 10 ans, explique Jean-Claude Nicolle, responsable du centre. A 8 ans ou 9 ans, ils sont envoyés pour être sauvés, en espérant qu'ils retrouvent un oncle ou un cousin. A 14 ans, c'est plutôt pour trouver un métier et renvoyer de l'argent. » Difficile pour autant d'établir une typologie. « On sait juste que ce sont les enfants de familles sans espoir. Il y a eu la vague des Chinois. Maintenant des Sierra-Léonais, des Irakiens... On
peut calquer les nationalités sur la carte des conflits. »Souvent, la Croix-Rouge n'est même pas certaine du pays d'origine. « Pour entrer sur
le territoire, les passeurs leur ont dit de raconter une histoire : "C'est la guerre dans mon pays, mes parents sont morts." Ils l'ont
racontée à l'Ofpra, puis au juge. Mais nous, on ne leur demande rien. Et ils finissent par comprendre qu'on ne travaille pas avec les policiers,
qu'ils peuvent avoir con­fiance », explique un éducateur.La nécessité du centre, ouvert en 2003, est apparue quand les cas de mineurs arrivant seuls en France et sans passeport se sont multipliés. Les habitants craignaient un nouveau Sangatte et de la délinquance. A tort. Seuls accrocs : quelques fugues, inévitables, comme celles des Palestiniens vers l'Allemagne ou celles des Afghans vers la Grande-Bretagne. Mais pour tous ceux qui restent, la Croix-Rouge enquête, tente de retrouver de la famille en Europe, s'assure que celle-ci n'en fera pas un «
esclave domestique ». Et en attendant que ces enfants rejoignent une famille ou un foyer, elle les forme aux maths, au français... De façon à
ce qu'au bout de quelques mois, ils puissent intégrer une école ou une formation. Avant leurs 18 ans, ils ne peuvent de toute façon être
expulsés. Ensuite, ils présenteront un dossier en préfecture ou demanderont l'asile. En espérant pouvoir rester.

Michaël Hajdenberg