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ssociation nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers

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Zone d’attente de Roissy :
Du scandale de l’accueil au déni du droit d’asile

8 janvier 2008

Une nouvelle fois, l'Anafé doit donner l'alarme sur la situation de la zone d’attente de l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle : aux conditions scandaleuses de l’accueil d’un grand nombre de personnes maintenues, déjà dénoncées par l'Anafé, s'ajoute désormais un déni du droit d'asile.

Un grand nombre de ces personnes sont en effet maintenues dans des conditions très précaires, avec beaucoup de difficultés pour entrer en contact avec l'extérieur et bénéficier de l'assistance à laquelle ils ont pourtant droit (cf communiqués Anafé du 28 décembre 2007 et du 4 janvier 2008). Du fait du manque de place en « ZAPI », le lieu d'hébergement dit « hôtelier » dans lequel sont placés les étrangers qui sollicitent l'admission en France, ce sont des locaux inadaptés (salles de transit de l'aérogare) qui font office de zone d'attente. Aujourd’hui, treize d’entre elles, de nationalité tchétchène, ont entamé une grève de la faim et de la soif pour protester contre la situation dans laquelle certaines se trouvent depuis maintenant dix jours.

L’augmentation du nombre de personnes placées en zone d’attente depuis le mois de décembre était due pour une bonne part à l'arrivée plus importante de réfugiés tchétchènes. Compte tenu de la situation connue de tous en Tchétchénie, ils étaient logiquement admis sur le territoire et autorisés à demander l'asile.

Début janvier, le gouvernement semble avoir subitement changé de position. Il rejette désormais un grand nombre des demandes d’admission sur le territoire, préparant par conséquent le refoulement de Tchétchènes se trouvant actuellement à Roissy.

Ce revirement brutal ne masque pas l’instrumentalisation du droit d’asile par les autorités pour tarir les arrivées de réfugiés. Comme l’Anafé l'avait observé en 2003 lorsque des ressortissants ivoiriens fuyaient le conflit dans ce pays, le durcissement draconien des critères de recevabilité des demandes d’asile présentées à la frontière serait ainsi utilisé pour décourager l’arrivée de nouveaux candidats.

Cette crise intervient à peine plus d’un mois après l’entrée en application de la loi instaurant un recours suspensif pour les demandeurs d’asile à la frontière. Elle confirme les critiques de l'Anafé à l’égard du dispositif adopté par le législateur concernant la non effectivité de ce recours. Nous observons depuis quelques jours l’impossibilité concrète pour ces Tchétchènes de déposer un recours en français, dans un délai de 48h (alors que de nombreuses décisions ont été notifiées la veille du week-end), alors que de surcroît certains n'ont pas d'accès au téléphone…

Pour sortir de la crise de surpopulation de la zone d’attente de Roissy, nul besoin, pourtant, de sacrifier le droit d'asile. Il suffit d'admettre sans délai les réfugiés bloqués à la frontière en vue d’un examen normal de leur situation sur le sol français.


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