Version
PDF
Observatoire de l'enfermement des
étrangers
Migrants Outre-mer
Mayotte :
Encore des enfants en rétention tous les jours
Le 20 février 2012, François Hollande s’est engagé
auprès de nos organisations à mettre fin dès le
mois de mai à la rétention des enfants et de leurs familles[1],
au nom de la protection de l’intérêt supérieur
des mineurs et du respect des conventions internationales garantissant
les droits humains.
Pourtant, un mois et demi après son élection à
la Présidence de la République, François Hollande
n’a pas complètement honoré sa promesse électorale.
La semaine dernière, des mineurs, parfois de moins de dix ans,
étaient encore enfermés - avec ou sans leurs familles
- à la frontière comme sur le reste du territoire français[2],
au mépris de leurs droits. Si depuis 10 jours cette pratique
a cessé en métropole, elle reste massive et quotidienne
à Mayotte.
Le ministre de l’Intérieur annonce qu’une circulaire
va être adressée aux Préfets pour mettre un terme
à ces pratiques. Mais selon Mediapart, Mayotte risque d’être
exclue de cette circulaire, devenant le seul département français
où l’enfermement des enfants serait encore possible.
Pourtant, la situation est proprement scandaleuse dans cette île
lointaine, 101ème département français[3]. Pas
moins de 5 389 enfants y
ont ainsi été privés de liberté en 2011
dans un centre de rétention jugé inhumain et dégradant[4].
Cette situation est aggravée par un
régime juridique spécifique à l’outremer
qui rend quasiment impossible tout recours efficace à un juge
pour contester ces décisions administratives.
En métropole, nombreuses sont par ailleurs les stratégies
de contournement déployées par l’administration
pour faire primer la répression sur la protection des
enfants : leur minorité trop souvent contestée par une
expertise osseuse approximative permet ainsi leur renvoi forcé,
et des familles sont séparées du fait de la
décision de certaines préfectures d’enfermer et
d’éloigner un seul parent.
Aussi, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers
et Migrants Outre-mer appellent le Président nouvellement élu
à respecter ses engagements afin que soit immédiatement
et définitivement mis fin à l’enfermement, sous
quelque forme que ce soit, de tous les mineurs étrangers et de
leurs familles sur l’ensemble du territoire français.
Ils demandent également que soit enfin rétablie l’égalité
des droits dans l’ensemble de la République, en mettant
un terme au régime dérogatoire du droit des étrangers
d’outremer.
28 juin 2012
Organisations membres de l’Observatoire de l’enfermement
des étrangers :
ACAT-France, Avocats pour la défense des droits des étrangers
(ADDE), Anafé, Comede, Emmaüs France, Fasti, Gisti, La Cimade,
Ligue des droits de l'homme, MRAP, Revue Pratiques, Observatoire Citoyen
du CRA de Palaiseau, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat
de la magistrature (SM), Syndicat de la médecine générale
(SMG))
Organisations membres de Migrants Outremer :
ADDE : avocats pour la défense des droits des étrangers/AIDES/
CCFD : Comité catholique contre la faim et pour le développement/
Cimade : service œcuménique d’entraide/ Collectif
Haïti de France/ Comede : comité médical pour les
exilés/ Gisti : groupe d’information et de soutien des
immigrés/ Elena : les avocats pour le droit d’asile/ Ligue
des droits de l’homme/ Médecins du monde/ Mrap : mouvement
français contre le racisme et pour l’amitié entre
les peuple/ OIP : observatoire international des prisons / Secours Catholique/
Caritas France
[1] Courrier de François Hollande du 20 février 2012 à
l’Observatoire de l’Enfermement des Etrangers et au Réseau
Education Sans Frontières
[2] « L’enfermement des familles en rétention doit
cesser ! », La Cimade, 14 juin 2012
[3] « Régimes d’exception en outre-mer pour les personnes
étrangères », Gisti, Mom, La Cimade, juin 2012
[4] TA Mayotte, 20 février 2012, n° 1200106, 1200107, 1200108
|