Anafé Enfermés à la frontière : chronique de zone d’attentenewsletter
n°1 Frontières : en géographie politique, ligne imaginaire entre deux nations, séparant les droits imaginaires de l’une des droits imaginaires de l’autre. Le Dictionnaire du Diable (1911) - Ambrose Bierce Pourquoi une newsletter ?Il s’agit de la 1ère newsletter de l’Anafé depuis sa création en 1989 ! L’action de l’Anafé est de veiller au respect des droits des étrangers qui se présentent aux frontières. Or, les membres de l’Anafé, ces « guetteurs » qui effectuent les permanences juridiques dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy, immergés parmi les étrangers de la zone d’attente, ont, au travers de leurs dissemblances, un sentiment commun : le respect des droits des étrangers, qu’il procède du droit français ou de celui des conventions internationales, est l’ exception. Le dispositif de protection fonctionne en trompe l’oeil. Entre les textes et les mesures censés être pris en leur nom, la contradiction est la règle. Force est de constater que ce qui prévaut dans la situation des étrangers aux frontières n’est pas le droit mais la volonté de mise à l’écart. Or ce prix, parfois générateur de situations simplement ubuesques ou kafkaiennes, entraîne aussi, trop souvent, la mise en danger de l’intégrité physique et psychique de nombreux adultes et, dans certains cas, de mineurs isolés. Ce bulletin est donc un lieu de témoignages sur des histoires vécues en zone d’attente et sur leurs liens avec un flagrant déni de droit !
Ce bulletin à aussi pour vocation d’informer sur l’actualité
de la zone d’attente et de lancer des initiatives tel que la campagne
de sensibilisation en page 3.
D’Ingrid à Nathaly : y a-t-il « une lumière au bout du chemin »?Les
conditions de l’accueil des demandeurs d’asile aux frontières
françaises restent bien mal connues. On peut, sans crainte de
se tromper, avancer qu’il s’agit là d’une stratégie
délibérée de la part des pouvoirs publics que de
garder dans l’ombre une réalité qui, si elle éclatait
au grand jour, ne manquerait pas de choquer les citoyens, toutes (ou
presque) orientations politiques confondues. Dissimuler reste donc le
mot d’ordre, à l’image de ce bâtiment austère
et clôturé que l’on dénomme, dans le «
jargon » des acteurs qui s’y agitent et s’y confrontent,
la ZAPI (zone d’attente pour personnes en instance). La détermination de ce caractère « manifestement infondé ou non » devrait, en théorie, s’effectuer en référence au texte de la Convention de Genève de 1951 par lequel la France s’est engagée à accorder l’asile aux personnes « craignant avec raison d’être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques, (…) et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. » Pourtant,
force est de constater que la loi s’efface, en ZAPI, devant les
exigences d’un Etat qui a renoncé à ses engagements. Nathaly
a « eu son rejet ». « Ses propos lapidaires apparaissent
particulièrement puériles ». L’indignation,
et la colère, ne permettent plus aujourd’hui de garder
le silence. « Que tous ceux qui souffrent dans le monde sachent qu’il y a une lumière là, au bout du chemin » déclarait alors le président de la République. Tout semble bien éteint dans les couloirs de la ZAPI. Un peu par hasard, grâce au coup de pouce d’un jeune palestinien qui l’avait vu pleurer dans le « jardin » de la ZAPI, Nathaly est venue au bureau de l’Anafé. Nous ferons un recours contre la décision de l’OFPRA : 2h d’entretien, 2h de rédaction, au bas mot. A notre grande surprise – car nous sommes hélas trop habitués au fonctionnement bien rôdé de la « machine à refouler » - le Tribunal administratif acceptera sa requête et annulera le rejet. Soulagement quelque peu amer. D’abord, parce qu’il s’agit malheureusement d’une vraie exception – la très grande majorité des recours devant le TA sont rejetés, quelque soit la gravité des cas présentés. Ensuite, parce que cela n’ôte rien à l’injustice commise par l’OFPRA à l’égard de cette personne, et donc au non respect par l’Etat français de ses engagements vis-à-vis des demandeurs d’asile. Enfin, parce que ce n’est que le début d’un long et difficile processus en vue de l’obtention du statut de réfugié : sur le territoire français, la demande d’asile de Nathaly devra de nouveau passer au crible de l’OFPRA. |
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Marie - intervenante de l’Anafé en zone d’attente |
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En
2008, 5.781 demandes d’asile à la frontière ont été
enregistrées à Roissy. L’Anafé a recensé 39 refus d’enregistrement mais ce chiffre doit en réalité être supérieur car des personnes sont refoulées avant même d’avoir pu enregistrer une demande d’asile. |
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"nous voulons tuer tous les kurdes". Dessin réalisé par un demandeur d’asile kurde à Roissy en avril 2009 |
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Campagne de sensibilisationActions
auprès de vos députés : ce projet de loi est en
cours de discussion. Envoyez leur l’argumentaire de l’Anafé
(téléchargeable sur notre site) afin de les sensibiliser
sur la question de l’asile à la frontière. |
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Témoignage de l’intérieurI.O,
L.M et N.R, toutes trois péruviennes, arrivées le 16 mars
2009, ont été elles aussi appelées pour leur 1ère
tentative de renvoi ce matin. N.R
a été admise par la police à entrer en France. |
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Communiqué MIGREUROP, 1er avril 2009, Naufrage au large de la
Libye :une tragédie : -
Publication en juillet 2009 du Rapport observatoire des frontières
: -
Lettre ouverte aux candidats aux élections européennes
du 6 juin 2009 |
Les news du site de l’AnaféAsile Communiqué Anafé, 20 avril 2009, La France expulse une famille de réfugiés palestiniens demandeurs d’asile à la frontière Mineurs isolés Rapport
de l’association Défense des enfants international, Droits
de l’enfant en France : au pied du mur - |
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Vient de sortir |
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Anafé, Inhumanité en zone d’attente, Bilan 2008, Observations et interventions de l’Anafé en zone d’attente de Roissy, mai 2009 Communiqué
du 18 mai 2009, Les contre vérités du ministre de l’immigration: Chacun
est ainsi en mesure de savoir ce qu’il en est. |
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Cette France-là - volume 1, mars 2009, 448 pages - 15 € Cette France-là, c’est la France qui prend forme depuis le 6 mai 2007. Dès la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s’est engagé à faire de la politique d’immigration et d’identité nationale une clé de voûte de son mandat. Il importe de prendre cet engagement au sérieux, et de se donner les moyens d’en appréhender la réalité en effet : la mission confiée au ministère de l’Immigration rompt-elle véritablement avec l’action des gouvernements antérieurs ? Et si la rupture annoncée est avérée, de quelle nature est-elle ? En
espagnol : La Asociación
Pro Derechos Humanos de Andalucía viene realizando un seguimiento
detallado desde el año 1997 de la evolución de los flujos
migratorios que desde África se dirigen hacia España y
de las políticas que pretenden afrontarlos y que obligan a una
creciente clandestinización de los mismos, al tiempo que provocan
graves violaciones de los derechos humanos. |
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