COMMUNIQUE
Le gouvernement dépose un amendement en
catimini pour pouvoir refouler les mineurs étrangers isolés aux frontières
2 mai 2001 — Le gouvernement a déposé à la sauvette, à l'occasion de l'examen
ce jeudi 10 mai par le Sénat du projet de loi sur la modernisation sociale,
un amendement prévoyant la désignation d'un administrateur ad hoc pour les
mineurs isolés étrangers arrivant aux frontières françaises et maintenus en
zone d'attente.
Pour
justifier cet amendement, le gouvernement précise qu'actuellement, les
mineurs « ne peuvent pas bénéficier des garanties » de la loi et ajoute que «
cette situation conduit le juge à les admettre de fait sur le territoire ».
Le gouvernement semble regretter que ces mineurs soient admis et il propose
un amendement pour pouvoir les refouler.
L'Anafé dénonce cette méthode et rappelle que dès 1999,
elle avait réclamé une concertation entre les pouvoirs publics et les
associations concernées par la question des mineurs arrivant non accompagnés.
Non seulement cette concertation n'a pas eu lieu, mais le projet présenté
aujourd'hui ne tient aucun compte des avis donnés de toutes part depuis plus
d'un an.
Ainsi,
- La CNCDH , qui s'est auto-saisie de
cette question au mois de septembre 2000, « recommande l'admission immédiate
des mineurs sur le territoire ».
- Dans son rapport du 11 octobre 2000, Louis Mermaz soutient que «
l'admission des mineurs doit être la règle ».
- Le HCR, en
décembre 2000, condamne la législation et la réglementation française et
considère que « les mineurs demandeurs d'asile ne devraient pas faire l'objet
d'une détention en zone d'attente. Ils devraient avoir un accès systématique
au territoire ».
- Pour la
Défense des Enfants, « tout mineur étranger isolé arrivant doit par
définition être considéré comme en danger », et en conséquence ils doivent
avoir « l'assurance formelle qu'ils seront accueillis sur le territoire »
(octobre 2000).
- Le 4
octobre 2000, un groupe d'organisations demandait que tout « mineur étranger
isolé » fasse l'objet d'une admission immédiate, tout en appelant au respect
de la présomption de minorité et du dispositif de protection des mineurs
(saisine du juge des enfants et du juge des tutelles).
Pour sa part
l'Anafé maintient sa position, conforme aux
engagements internationaux de la France (Convention international des Droits
de l'enfant et Convention de Genève relative au statut des réfugiés), selon
laquelle « dès lors qu'un mineur étranger se présente seul, une situation de danger
doit être présumée. Aucun mineur isolé ne peut être placé en zone d'attente.
Il risque d'être refoulé, ce qui est manifestement contraire à l'ordonnance
du 2 novembre 1945 qui prohibe toute mesure d'éloignement » (septembre 2000).